On en rêve tous de cette recette miracle qui ferait de l’apprentissage un jeu d’enfant ! Certains même - les adeptes de l’hypnopédie, pour ne pas les citer - croient en la capacité de l’homme à apprendre en dormant ! Il faut dire que ça donne envie : se réveiller bilingue après une bonne grasse matinée, apprendre le code en siestant plusieurs fois par jour, ou, allons-y gaiement, devenir un formateur formidable dans la nuit de lundi à mardi ! Désolé si vous êtes un adepte de cette croyance, la science nous a prouvé à mainte reprise que c’était… faux ! MAIS, ne partez pas si vite, l’espoir existe !
Si apprendre sans effort est un mythe, apprendre à apprendre relève de la réalité. La littérature sur la question et les formations fleurissent. On vante les mérites de la capacité à apprendre, qui permettrait de réussir plus facilement les concours, d'obtenir des promotions, de réussir votre expatriation et même, d’après OpenClassroom, de devenir un “super apprenant” ! Commençons par une mauvaise nouvelle : vous ne serez plus jamais aussi bon pour apprendre que pendant votre enfance ! C’est prouvé, la plasticité du cerveau, c'est-à-dire sa capacité à créer de nouvelles connexions et à en modifier d’anciennes, et donc à apprendre, décroît à partir de 16-18 ans. Les enfants sont de formidables machines à apprendre ! Mais, pas de panique, avec un peu d'entraînement et de méthode, on peut arriver à des résultats épatants.
Respecter les 4 piliers de l’apprentissage
C’est ici Stanislas Dehaene, neuroscientifique français reconnu internationalement pour ses travaux sur les sciences cognitives expérimentales, et notamment la faculté d’apprendre (on vous recommande son ouvrage Apprendre ! Les talents du cerveau, le défi des machines, 2018, chez Odile Jacob) qui sera notre meilleur guide. En effet, les différentes recherches en sciences cognitives laissent entrevoir un chemin de l’apprentissage. Si chacun tracera sa propre voie, respecter les étapes ci-dessous permet de maximiser l’apprentissage, que ce soit en tant que formateur ou apprenant.
Première étape de votre chemin vers la maîtrise de la faculté d’apprendre, l’attention ! Il s’agit ici de capter son auditoire ET de maximiser la concentration (la votre et/ou celle de votre auditoire) ! Exit votre smartphone qui sonne toutes les minutes, si vous voulez bien apprendre, soyez concentré à 100 %. Vous voilà maintenant tout ouïe, place à l’action dans la deuxième étape ! On parle d’engagement actif. Apprendre, c’est mieux en faisant. Vous êtes enseignant ou formateur ? Stop aux cours magistraux, ou alors à petite dose et échelonner dans le temps.
Apprendre, c’est aussi savoir échouer. Les startup, reine de l’innovation, l’ont bien compris en mettant en application le principe du “Test and learn”. Faire des erreurs donc, et comprendre pourquoi. Dernière étape, la consolidation des apprentissages ! Traduction : répéter, encore et encore ! Je sais, c’est décevant. J'aurais aimé vous dire qu’apprendre sans effort, c’était possible. Mais non. Apprendre nécessite de répéter plusieurs fois, et dans le temps, un geste, une leçon, pour que votre cerveau se réorganise, crée de nouveau schéma, de nouvelles routes. L’attention, l’engagement actif, savoir échouer et consolider les apprentissages, voici les 4 piliers pour bien apprendre ! Vous aurez noté ici que je me répète, ce qui rejoint notre point 4 ;)
Pour faire de cet article un acte d’apprentissage réel, vous trouverez ci-dessous 10 conseils pratiques pour “Apprendre à apprendre”.
Les 10 règles à suivre pour booster votre capacité d’apprentissage
Identifiez ce que vous voulez apprendre, et pourquoi. Apprendre sans vraiment le vouloir, ça ne fonctionne pas (ou en tout cas pas très longtemps).
La concentration, c’est la clé ! On a dit focus !
Distribuer l’apprentissage. Comprendre on apprend pas en une fois mais en plusieurs petites fois. De la répétition, idéalement quotidienne, né un apprentissage efficace. Exemple avec la musique : mieux vaut 15 min par jour pendant 8 jours, qu’une seule fois 2 heures, dixit Stanislas Dehaene.
Ne pas viser trop haut. Il s’agit de se fixer des objectifs à votre portée ! Viser haut, mais commencer petit 🙂
Bien dormir, pour consolider les apprentissages. C’est valable pour les plus jeunes (ça on le sait), mais aussi pour nous (les vieux) ! Si on apprend pas en dormant, on mémorise en dormant. Quand vous dormez, votre cerveau, lui, ne chôme pas !
L'échec est positif. Il est inhérent à l’apprentissage, à condition de comprendre pourquoi.
Nourrir sa curiosité, notamment en créant des routines d’apprentissage. Je vous lance un défi : à chaque semaine un nouvel apprentissage ! Vous êtes plutôt podcast, article, vidéo ou discussion ? A vous de jouer (d’apprendre) !
Travailler votre mémoire. Apprendre c’est bien, encore faut-il retenir ce que vous avez appris. A chacun sa recette : besoin d’un visuel ? de vous “raconter” une histoire ? d’écrire ? etc. Les possibilités sont infinies. Retenez ces quelques éléments : la place dans votre cerveau n’est pas limitée; mémoriser, c’est s'entraîner à mémoriser; comprendre est (souvent) nécessaire.
Formez-vous à l’apprentissage ! Apprendre à apprendre est, d’après le World Economic Forum, une des 10 compétences clés à maîtriser à l’époque actuelle. Mon conseil : investissez d’abord dans cette compétence - surtout si vous êtes formateur - et toutes les autres compétences seront plus simples à acquérir.
Rédiger un plan d’apprentissage. Quelles compétences maitrisez vous et à quel degrés ? quel est votre besoin en compétences pour l’avenir ? Comment acquérir ces compétences ? Autant de questions qui méritent un véritable plan !
Bonus : apprendre à désapprendre ! Sans même parler des neuromythes (on utilise 10 % de notre cerveau, on peut apprendre en dormant etc.), il est nécessaire de faire l’inventaire de vos pratiques, pour mieux les critiquer… et (peut-être) les changer !
Apprendre à apprendre est une compétence à part entière, bien réelle, qui devrait être un préambule à l’apprentissage. Sans faire de vous des super héros de l’apprentissage, les techniques, outils et méthodes de cette nouvelle matière permettent d’envisager plus sereinement et plus efficacement l’acquisition de nouveaux savoirs et nouvelles compétences. Ce qui est une révolution en soi ! Alors, qui se lance ?
Nb : Article rédigé en collaboration avec Digiformag.
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